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qu’on le mettait en état d’arrestation et non pas qu’on lui donnait une garde ! ! — Il fallait se moquer de Malouet et de Duport invoquant l’inviolabilité du roi, alors qu’il avait cessé d’être roi, alors qu’il allait rejoindre les ennemis de la nation, car l’on ne peut être à la fois le chef de l’armée étrangère et de l’armée nationale ! — Il fallait, non faire interroger le roi par des commissaires, mais le traduire à la barre de l’Assemblée, à la face du pays ! Il fallait permettre à tous les députés d’interroger le coupable sur faits et articles ! au lieu de lui envoyer trois commissaires, un D’André ! un Duport ! un Tronchet ! L’Assemblée, en agissant ainsi, n’a-t-elle point eu l’air de craindre les révélations qui sortiraient de la bouche de Louis XVI, et qu’il ne montrât dans le sein de l’Assemblée une foule de complices… »

Camille Desmoulins ne se montrait pas moins logique dans son numéro du 13 juillet (1791) des Révolutions de Paris

« — … La fuite et le manifeste du roi étant un crime de lèse-nation s’il en fut jamais, il fallait saisir de ce procès la haute cour nationale… — L’office de roi étant un office que l’on peut abandonner au hasard de la naissance, partant qui ne demande ni habileté, ni expérience, et peut (cela s’est vu) être rempli au besoin par un idiot, par un méchant ou par un fou ; le roi, en un mot, étant réellement un zéro dans la constitution puisqu’il ne peut rien faire sans la signature d’un ministre, le roi n’étant à vrai dire qu’une sorte de griffe apposée aux décrets de l’Assemblée, il fallait dire aux Monarchiens comme le passant à l’avare :

« Mettez une pierre à la place,
Elle vous vaudra tout autant ! »

Brissot, dans le Patriote français (16 juillet 1791), s’écriait avec une indignation généreuse :

« — Consummatum est… le déshonneur de nos législateurs est consommé… le décret des comités (qui met Louis XVI hors de cause) est adopté ! Quel amas de turpitudes ! L’Assemblée a eu