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attends, c’est que vous aurez pris l’engagement d’honneur de cacher à tous que vous aimez ma fille depuis quatre ans ; et, je le sais par expérience, j’ai le droit de compter sur votre parole, sur votre discrétion et sur votre loyauté.

» Je vous attends.

» Salut et fraternité, »

» DESMARAIS. »...............................


Cette lettre écrite, pendant que Billaud‑Varenne, assez surpris, observait silencieusement Desmarais, celui-ci sonne, se disant avec raison :

— Il est impossible que Jean n’accepte pas mes conditions, parfaitement d’accord avec sa discrétion habituelle. Il a été discret jusqu’ici, je ne lui demande rien autre chose que de continuer de l’être.

Bientôt Gertrude paraît, et l’avocat lui dit :

— Portez à l’instant cette lettre chez le citoyen Jean Lebrenn, notre voisin, et attendez la réponse.

— Oui, citoyen, — répond la servante, et elle sort.

— Pardon, mon cher Billaud‑Varenne, — reprend M. Desmarais en souriant ; — c’est votre faute si j’ai interrompu notre entretien pour écrire cette lettre, et c’est encore votre faute si je vous laisse un moment seul, afin de savoir si ma femme et ma fille, malgré l’émotion que leur ont causée les événements de la soirée, peuvent vous recevoir.

— Que voulez-vous dire ?

— Dans un instant vous le saurez, cher collègue, — répond l’avocat. Et il entre dans la chambre de sa femme, en pensant :

— Il est impossible que Charlotte, de son côté, n’accepte pas non plus la seule condition que je mette à son mariage avec ce Jean Lebrenn.

Billaud‑Varenne, resté seul, se livrait aux réflexions suivantes :

— Je ne comprends rien à ce qui se passe ici. Quelle est cette lettre que vient d’écrire Desmarais ? Pourquoi veut-il me présenter