(L’Assemblée entière, se levant par un mouvement spontané, décrète par acclamation la proposition de Grégoire.)
« bazire. — Je demande à faire une motion d’ordre. L’Assemblée vient de manifester, par l’unanimité de ses acclamations, sa haine profonde pour les rois ; l’on ne peut qu’applaudir à ce sentiment, concordant avec celui de l’universalité du peuple français ; mais il serait d’un exemple effrayant de voir une Assemblée délibérer dans un moment d’enthousiasme : je demande que la question soit discutée.
» grégoire. — Discuter ! Eh ! qu’est-il besoin de discuter, quand tout le monde est d’accord ! Les rois sont dans l’ordre moral ce que sont les monstres dans l’ordre physique ! Les cours sont l’atelier des crimes et la tanière des tyrans ! L’histoire des rois est le martyrologe des nations ! Nous sommes tous pénétrés de cette vérité ; qu’est-il besoin de discuter ? Je demande que ma proposition soit mise aux voix, sauf à la rédiger ensuite avec un considérant digne de la solennité de ce décret.
» ducos. — Le considérant de votre décret, citoyens, ce sera l’histoire des crimes de Louis XVI, l’histoire déjà trop connue du peuple français ; je demande donc que ce décret soit rédigé dans les termes les plus simples : il n’est pas besoin d’explication après la lumière qu’a répandue la journée du 10 août sur les crimes de la royauté.
» La discussion est fermée.
» Profond silence.
» La proposition du citoyen Grégoire est mise aux voix et adoptée à l’unanimité, au milieu d’applaudissements enthousiastes.
» Le président se lève et lit le décret, ainsi conçu :
» La Convention nationale décrète :
» Que la royauté est abolie en France. »
(Les acclamations de joie, les cris de Vive la nation ! Vive la république ! répétés par tous les membres de la Convention et par les spectateurs des tribunes, se prolongent pendant plusieurs instants.)