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Ma Résurrection, par Maton de la Varenne (ouvrage publié en 1795)[1].


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«… J’entendis en même temps appeler Louis Bardy, dit l’abbé Bardy, qui fut amené, jugé et massacré sur l’heure. Il était accusé d’avoir, de concert avec sa concubine, assassiné et coupé en morceaux son frère, auditeur en la chambre des comptes à Montpellier, et avait jusqu’alors déjoué la science de tous les juges par la subtilité, l’adresse, l’éloquence même de ses réponses et les incidents dilatoires qu’il faisait naître. »

(Maton de la Varenne raconte ensuite qu’il fut conduit devant le terrible tribunal révolutionnaire, après avoir vu massacrer avec d’abominables raffinements de férocité Rulhières, ancien capitaine de cavalerie.)

« …Le soi-disant juge du peuple, après m’avoir interrogé et entendu, ouvrit le registre de la prison, et l’ayant examiné, dit à ses soi-disant collègues :

» — Je ne vois absolument rien contre l’accusé.

» Alors toutes les figures se déridèrent ; il s’éleva un cri de vive la nation qui fut le signal de ma délivrance. Je fus enlevé sur-le-champ et conduit hors du guichet par des hommes qui me soutenaient, car ma faiblesse était grande ; ils m’apprirent que je n’avais plus rien à craindre, étant désormais sous la sauvegarde du peuple. Je traversai ainsi la rue des Balais, remplie de personnes de tout sexe et de tout âge ; je montai dans un fiacre, et j’arrivai dans la rue de la Barillerie, où demeurait mon père. Après avoir passé une heure dans la maison paternelle, où ceux qui m’y avaient conduit n’avaient rien voulu recevoir qu’un simple rafraîchissement, je me retirai en un lieu sûr, de crainte d’être inquiété de nouveau. »

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  1. Ap. Hist. parlem. de la Révol., vol. XVIII, p. 135 et suiv.