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» L’un de ces bourreaux, les bras retroussés, armé d’un sabre fumant de sang, entre dans le greffe, ou siégeait le comité présidé par Maillard : — Je viens vous demander pour un de mes braves frères d’armes, qui égorgent les aristocrates, les souliers que l’un de ceux-ci a aux pieds ; mon camarade n’a pas de chaussure et part demain pour la frontière. — Les délibérants se regardent et répondent tous à la fois : — Rien de plus juste. Accordé. »


Mon agonie de trente-huit heures, ou Récit de ce qui m’est arrivé, de ce que j’ai vu et entendu pendant ma détention dans la prison de l’abbaye de Saint-Germain, depuis le 22 août jusqu’au 3 septembre 1792, par moi, Journiac de Saint-Méard, ci-devant capitaine commandant des chasseurs du régiment d’infanterie du roi (quinzième édition)[1]


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… « À la lueur des torches, j’aperçus le terrible tribunal, qui allait me donner la vie ou la mort. Le président (Maillard), en habit gris, un sabre à son côté, était appuyé debout contre une table, sur laquelle on voyait du papier, des plumes, une écritoire, des pipes et des bouteilles. Cette table était entourée de dix personnes, assises ou debout, dont deux étaient en veste et en tablier ; deux hommes en chemises teintes de sang, le sabre à la main, gardaient la porte de droite, sur laquelle un vieux geôlier avait la main. »

(Ici Journiac de Saint-Méard raconte son interrogatoire, ses moyens de défense, ses assertions, soumises à des épreuves contradictoires, etc., etc. Son discours seul forme cinq pages in‑8o très-compactes, et il continue ainsi) :

« un des juges. — Enfin, quelles étaient vos opinions ?

  1. Voir Hist. parlemen. de la Rev., vol. XVIII, p. 103 et suivantes.