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» le président. — Mais qui donc avait tiré ces coups de feu du haut de l’escalier ?

» le fédéré breton. — Deux gentilshommes du château qui, voyant les Suisses au moment de fraterniser avec nous, voulaient engager la bataille… (Nouveau mouvement.) — Il en a été ainsi… Nous nous sommes crus trahis par les Suisses, nous avons fait feu. Ils ont riposté de haut en bas sur nous autres entassés sous le vestibule, ça a été une vraie boucherie… Cinq à six autres et moi ayons seuls échappé… Voilà comme la bataille a commencé !… »

Pendant la fin du récit du fédéré breton, les huissiers ont recueilli les votes relatifs à la nomination des nouveaux ministres élus par l’Assemblée, selon la proposition de Brissot.

« le président. — Voici le dépouillement du scrutin pour la nomination des nouveaux ministres : les anciens ministres Clavière, Roland et Servan reprennent les fonctions dont le pouvoir exécutif les avait éloignés. (Applaudissements.) Les nouveaux ministres nommés par l’Assemblée sont MM. Monge, à la marine ; — Lebrun, aux affaires étrangères, — et Danton, à la justice. »

La nomination de Danton au ministère de la justice est accueillie avec transport par les tribunes. Ce choix, ainsi que celui de Monge et le rappel de Roland, de Clavière et de Servan, tous patriotes dévoués ; enfin l’abolition de l’inique distinction entre les citoyens actifs et passifs, effacent en partie dans l’esprit du public la mauvaise impression causée par les timides décrets de l’Assemblée, qui s’est bornée à prononcer la suspension des pouvoirs de Louis XVI, au lieu de décréter sa déchéance. Mais, depuis lors, un revirement salutaire s’est opéré dans l’esprit de la majorité, convaincue que l’insurrection, restant armée, ne se contentera pas de mesures provisoires à l’égard du pouvoir exécutif.

Je remarquai que le public des tribunes s’était presque renouvelé depuis la fin du combat des Tuileries ; presque toutes les femmes qui comptaient parmi les combattants un objet cher à leur affection