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vous leur avez, au début de la campagne et par une trahison infâme, ouvert les frontières de la France… Prenez garde… prenez garde ! nous nous lasserons et finirons par vous casser aux gages, si ce n’est pis… Souvenez-vous du sort de Charles Ier d’Angleterre… dont voici le portrait dans votre salon… Sur ce, monsieur, afin d’employer votre dévot formulaire, que Dieu vous ait en sa sainte et digne garde… et réfléchissez ! ! ou sinon ! !… »

Vain avertissement ! Louis XVI continue ses machinations ténébreuses, et le 25 juillet 1792, le duc de Brunswick, généralissime des armées de la coalition, lançait, au nom du roi de Prusse, de l’empereur d’Autriche et de la Confédération germanique, un foudroyant manifeste contre la France. Dans ce manifeste, la coalition :

« — Accusait les Assemblées constituante et législative d’avoir usurpé le gouvernement de la France ; — d’y avoir troublé l’ordre, — renversé le pouvoir légitime ; — d’avoir attenté à la dignité du roi ; — d’avoir arbitrairement dépossédé de leurs droits féodaux les princes allemands en Lorraine ; — d’avoir OSÉ déclarer la guerre à S. M. l’empereur d’Autriche. — En punition de quoi, S. M. d’Autriche et ses alliés marchaient contre la France, pour y dompter l’anarchie ; — faire justice des attaques contre le trône et l’autel ; — rendre au roi Louis XVI le pouvoir, la sécurité, la liberté dont il était privé ; — rétablir son autorité légitime. — En conséquence, ses royaux alliés rendaient les autorités, les gardes nationales responsables de tous les désordres, jusqu’à l’arrivée des troupes de la coalition ; — sommaient les Français de revenir à leur antique fidélité envers leurs rois ; — les habitants des villes qui oseraient se défendre contre les troupes de Leurs majestés coalisées seraient punis sur-le-champ comme des rebelles, suivant la rigueur de la guerre. Les maisons de ces villes seraient démolies ou brûlées ; — si la ville de Paris ne mettait pas sur-le-champ Louis XVI en pleine liberté, en lui rendant le respect