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mation de la loi martiale, s’étonnent et affirment, attestent sur l’honneur, que l’ordre le plus admirable règne au champ de Mars, qu’ils ont pris connaissance de l’adresse aux représentants du peuple, qu’elle est parfaitement convenable et légale ; qu’ils ont assuré les pétitionnaires que, loin de les troubler « dans l’exercice de leurs droits, l’autorité municipale les protégerait au besoin. » Enfin, les trois officiers, émus, indignés, s’écrient les larmes aux yeux que c’est les déshonorer, les perdre, eux, que de marcher contre les pétitionnaires auxquels ils ont promis, garanti une complète sécurité… Mais malgré le généreux langage des trois municipaux appuyés de quelques-uns de leurs collègues, la majorité, Bailly en tête, passe outre, et la loi martiale est maintenue.) — (Voyez les procès-verbaux des séances de l’Hôtel de Ville, 17 juillet 1791.)

« Le maire Bailly déploie donc son cher drapeau rouge… Mais où croyez-vous qu’on va le porter, le drapeau rouge ? Est-ce au lieu du rassemblement ? au champ de Mars ? Oh non… les pétitionnaires, sommés au nom de la loi, se retireraient à la première sommation, et il n’y aurait point la boucherie que l’on désire… et puis ils ne sont encore réunis qu’en petit nombre ; il n’est encore que huit heures et demie du matin… il faut attendre jusqu’au soir ; aussi les royalistes vont-ils promener leur drapeau rouge dans Paris, disant sur leur passage : qu’on égorge les gardes nationaux au champ de Mars. Cet atroce mensonge est répété à la tribune de l’Assemblée par le représentant du peuple Regnault de Saint-Jean d’Angely ; ce mensonge, il l’affirme en présence d’une foule de gardes nationaux : ils s’échauffent et se mettent en fureur contre les pétitionnaires. Bailly fait déclarer la loi martiale incognito dans les rues et sur les places éloignées de plus de deux heures de marche du champ de Mars. La Fayette excite ses prétoriens ; ils s’écrient :

» — Voilà le drapeau rouge déployé ; le plus difficile est fait. Maintenant si tous les clubs, toutes les sociétés fraternelles, pouvaient aller à leur rendez-vous du champ de Mars, pour signer les