Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 14.djvu/105

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tation des jacobins apprend aux pétitionnaires que l’adresse rédigée la veille, pouvant être interprétée contrairement au dernier décret de l’Assemblée relatif à l’abdication du roi, cette adresse était retirée par le club. La déconvenue du peuple fut d’abord extrême, puis une foule de voix crièrent à l’orateur :

— Alors, rédigez sur-le-champ une autre pétition… nous la signerons.

L’orateur jacobin et quatre délégués choisis parmi les assistants, les citoyens Peyre, Vachart, Robert, Demoy, rédigèrent à l’instant l’adresse suivante, dont le citoyen Demoy donna lecture en ces termes :

« Sur l’autel de la Patrie, le 17 juillet de l’an iii de la liberté.

» Représentants de la nation !

» Vous touchiez au terme de vos travaux. Un grand crime se commet. Louis XVI fuit, abandonne indignement son poste. Des citoyens l’arrêtent à Varennes, il est ramené à Paris. Le peuple de cette capitale vous demande instamment de ne rien décider sur le sort du coupable avant de connaître l’expression du vœu des quatre-vingt-trois départements de la France. Une foule d’adresses réclament de vous le jugement de Louis XVI. Vous, messieurs, vous avez préjugé qu’il était innocent et inviolable !

» Législateurs, tel n’était pas le vœu du peuple !

» Tout nous fait la loi de vous demander, au nom de la France entière, de revenir sur votre décision, de considérer que le délit de Louis XVI est prouvé ; que ce roi, par le fait seul de sa fuite, a abdiqué. Recevez donc son abdication.

» Législateurs, convoquez un nouveau pouvoir constituant, qui procédera d’une manière vraiment nationale au jugement du roi coupable, et surtout à l’organisation d’un nouveau pouvoir exécutif…

» Signé, Peyre, Vachart, Robert, Demoy. »...............................

La lecture de cette pétition, concise, mesurée, mais énergique, fut accueillie par des applaudissements unanimes ; sa teneur som-