Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 13.djvu/94

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’heure tu me dictais à l’adresse de notre ami Lévy, tu parlais d’une famille Lebrenn, alliée de M. Rennepont, laquelle, malgré sa parenté, ne prendrait probablement pas part au partage de cet énorme héritage… D’où vient donc cette exclusion ?

— J’ai su par mon père, qui le tenait du sien, que l’aïeul de M. Rennepont, ayant abjuré le protestantisme, non pas seulement des lèvres, mais en vertu d’une conviction profonde, et prenant en haine singulière, invincible ses parents de la branche Lebrenn, qu’il regardait à tort ou à raison comme des ennemis séculaires, invétérés de l’Église romaine, avait non-seulement rompu tout commerce avec eux, mais soigneusement caché leur existence à son fils élevé par lui dans la foi catholique, de crainte qu’il ne subît quelque jour l’influence de cette famille, à ses yeux si pernicieuse.

— Et le père de M. Marius Rennepont est-il resté fidèle à la religion romaine ?

— Oui, jusqu’à sa mort ; aussi l’existence de cette branche des Lebrenn a-t-elle été aussi soigneusement par lui cachée à son fils qu’elle lui avait été cachée à lui-même par son père et pour les mêmes motifs.

— De peur sans doute que ces Lebrenn ne détournassent son fils de la voie religieuse qu’il suivait ?

— Évidemment. Mais M. Marius Rennepont, atteignant l’âge de raison peu de temps après la perte de son père, embrassa le protestantisme, que plus tard il feignit d’abjurer… tu sais dans quel but ?…

— Comment a-t-il donc découvert l’existence de cette branche des Lebrenn ?

— En compulsant peu de temps avant son suicide certains papiers de famille remontant au seizième siècle, à l’époque des guerres religieuses… il acquit ainsi la certitude de l’alliance des Rennepont et des Lebrenn… mais sans savoir si ceux-ci avaient laissé ou laissaient des descendants…

— D’où il suit, Samuel, que s’il existe encore des descendants