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batailles précédentes. Mais pendant qu’au nord l’ennemi se voyait repoussé des frontières de France, la Provence était envahie, la moitié du Midi subissait les ravages des Croates et des Pandours autrichiens. Enfin, une paix honteuse fut signée, en avril 1748, entre la France, l’Angleterre et la Hollande. Cette longue et ruineuse guerre ne fut profitable qu’aux ennemis de la France ; celle-ci, après avoir de nouveau conquis la Belgique et une partie de la Hollande, dut abandonner ces possessions, n’obtint pas même, par le traité de paix, le droit de rouvrir le port de Dunkerque et de rétablir ses fortifications. La ruine complète des finances ne permit pas à l’État de remplir ses obligations, il s’en affranchit par une nouvelle banqueroute : malgré les remontrances du Parlement et son refus d’enregistrer les nouveaux édits bursaux relatifs à une aggravation d’impôts (1763), le roi passe outre. L’indignation publique se manifeste alors par les symptômes les plus divers. Ainsi, l’on avait élevé sur la place dite « Louis XV » une statue équestre de ce monarque ; aux quatre angles du piédestal se voyaient les statues de la Justice, de la Paix, de la Prudence et de la Force. Un matin, on trouva ces épigrammes affichées sur le piédestal de la statue :


Ô la belle statue ! ô le beau piédestal !
Les vertus sont à pied et le vice à cheval,



Il est ici comme à Versailles,
Sans foi, sans cœur et sans entrailles.



Le Parlement, encouragé à la résistance par le soulèvement de toutes les consciences honnêtes, renouvelle plus énergiquement encore ses remontrances le 24 juin et le 10 août, flétrissant en ces termes le gouvernement de Louis XV, qu’il accusait : — « D’infraction formelle des engagements les plus authentiquement contractés ; du déni des paroles les plus solennellement jurées par le