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des plus grands capitaines de ces temps-ci, mais dont le nom reste à jamais souillé par l’abominable ravage du Palatinat, Turenne, est tué le 28 juillet 1675, à l’âge de soixante-quatre ans, près du défilé de Salzbach. En 1678, le prince d’Orange, âme de la coalition des États ligués contre l’ambition insensée de Louis XIV, parvient à détacher l’Angleterre de l’alliance française ; le 10 janvier 1678, la Hollande signe avec la Grande-Bretagne un traité offensif et défensif. Cette défection de sa puissante alliée impose la paix à Louis XIV. Elle est conclue à Nimègue avec la Hollande, cette même année (1678).

Telle fut la fin de cette longue et terrible guerre qui, jointe au faste insensé du grand roi, ruina les finances de la France, lui coûta des milliers de ses enfants. Ainsi, la Hollande, cette petite république hérétique, objet de la haine politique et religieuse de Louis XIV, qui l’envahit, la livra aux violences d’une soldatesque féroce, cette petite république que l’orgueilleux despote croyait écraser d’un seul coup, défendit vaillamment son sol, sa foi religieuse, sa liberté, ne perdit dans cette guerre acharnée que deux de ses colonies lointaines : le Sénégal et la Guyane, perte plus que compensée par les avantages qu’assurait à la Hollande le traité de commerce signé à Nimègue. L’Autriche, le Danemark et plusieurs princes souverains de la basse Allemagne restent en guerre contre la France ; mais, à la fin de l’automne 1679, la paix est rétablie en Europe.

Les questions religieuses devaient prendre une importance croissante et funeste durant le règne de Louis XIV. Libertin et cagot, la peur du diable le talonnait de plus en plus, en raison des progrès de l’âge ; cependant, tel était son orgueil, son ombrageuse jalousie de toute autorité rivale de la sienne, qu’entrant en lutte contre la papauté, il voulut soustraire en partie à l’influence de Rome ses sujets et son clergé (ainsi que disait le sire, dans son langage effrontément possessif) ; telle fut l’origine des libertés de l’Église gallicane, ardemment soutenues par Bossuet. Cette nouvelle Église déclarait les déci-