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les Hollandais exigèrent les concessions réclamées par eux avant l’ouverture de la campagne ; mais ils exigeaient de Louis XIV qu’il unît ses forces à celles des coalisés pour expulser d’Espagne son petit-fils, encore régnant. Ne pouvant se résoudre à ce sacrifice, Louis XIV offre un subside d’un million par mois pour subvenir aux frais de la guerre contre son descendant, s’il refuse de se contenter des royaumes de Sicile et de Sardaigne, qu’on lui accordera en échange de la couronne d’Espagne. Les Hollandais furent inflexibles ; et après quatre mois de négociations stériles, pendant lesquelles ils durent dévorer les plus cruelles humiliations, les plénipotentiaires du grand roi quittèrent la Hollande, le 25 juillet 1710, et la guerre se poursuivit dans les conditions les plus désastreuses pour la France. La ruine publique était à son comble, et à cette époque, Fénelon écrivait :

« — Le trésor de toutes les villes est épuisé. L’on a exigé pour le roi le revenu de dix années d’avance, et l’on n’a point de honte de demander aux villes, avec menaces, d’autres avances nouvelles qui vont au double de celles qui sont déjà faites. Tous les hôpitaux sont ruinés, les intendants enlèvent jusqu’aux dépôts publics. L’on ne peut faire le service qu’en escroquant (textuel) de tous côtés. L’on est menacé d’une banqueroute universelle, nonobstant la violence et la fraude. L’on est souvent contraint d’abandonner certains travaux très-nécessaires, dès qu’il faut une avance de deux cents pistoles. Les prisonniers français en Hollande y meurent de faim faute de payement de la part du roi. Les blessés manquent de tout et meurent de privations. Le pain est presque tout d’avoine. Le prêt manque aux soldats. Les officiers subalternes souffrent à proportion encore plus, etc., etc. »

La campagne continue. Le prince Eugène et le duc de Marlborough, généraux des alliés opposés à Villars et à Berwick, sont encore victorieux. Ils prennent Aire, occupent tout le cours de la Lys, et franchissent les frontières. Le trésor étant complètement épuisé, on ajoute à tant d’impôts déjà écrasants la dîme royale qui, en outre