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purs, les plus héroïques de la révolution se frapperont un jour mutuellement au profit de ses ennemis éternels.

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Victoria n’a pas revu de longtemps le comte de Plouernel. Celui-ci, malgré son audace, saisi de stupeur et d’effroi après la prise de la Bastille a été l’un des premiers émigrants à la suite du comte d’Artois et des princes de Conti et de Condé. Nous n’avons revu M. de Plouernel qu’en 1793. Je dirai plus tard en quelle occasion.

Lehiron a survécu à sa blessure ; il a pu, sans doute à l’instigation de l’abbé Morlet, tenter plus tard (j’ignore dans quel but) un autre coup de main sur une maison isolée, rue Saint-François, au Marais, seulement occupée par un Juif et par sa femme ; pendant longtemps les Voyants se sont réunis dans cette demeure ; la tentative de Lehiron n’a eu aucun résultat, selon ce que le Juif a plus tard raconté à ma sœur, sans s’expliquer davantage sur la cause de cette entreprise ; je n’ai revu Lehiron que dans deux circonstances effroyables. Je n’ai jamais douté qu’il fût, lui et sa bande de pillards et d’égorgeurs, soudoyé par ce parti qui, dans l’espoir de souiller, de déshonorer, de perdre la révolution, pousse la lie de la populace à tous les crimes, afin d’en rendre solidaire et responsable, grâce à un odieux système d’incessantes calomnies, le vrai peuple laborieux, intelligent, brave et honnête, qui a horreur de ces lâches et abominables excès ! L’abbé Morlet, la compagnie de Jésus, grand nombre de ci-devant nobles et prêtres, ainsi que des constitutionnels enragés de la trempe du financier Hubert, sont à la tête de ce parti. Le jésuite, l’un de ses agents les plus actifs, manœuvre dans l’ombre, tantôt sous un déguisement, tantôt sous un autre, car je ne l’ai rencontré à visage découvert que très-rarement, mais toujours accompagné de son fillot, le petit Rodin.

L’intervalle qui s’étend depuis juillet 1789 jusqu’à la fin de décembre 1792, époque à laquelle commence la seconde partie de mon récit, a été fécond en grands événements dont la portée est et sera