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au parjure, à l’iniquité, à la violence. Vous le voyez, fils de Joël, il est tôt ou tard, pour le crime couronné, des châtiments redoutables ; le grand roi expiait enfin, et terriblement, l’exécrable invasion des sept Provinces-Unies, le meurtre des frères de Witt, innocentes et nobles victimes de la trahison de ce prince ; et, par un juste retour des choses d’ici-bas, il buvait jusqu’à la lie la plus amère la coupe de l’humiliation. Cette petite république hérétique, jadis traitée par lui avec un si insolent dédain et une si horrible cruauté, dictait, au nom de ses alliés, les lois les plus dures à cette majesté déchue. Jadis omnipotent, le grand roi était obligé d’envoyer en Hollande Rouillé, son ambassadeur, supplier la république d’accéder aux offres de pacification honteuses et désastreuses pour lui et pour son petit-fils, le roi d’Espagne : « celui-ci abandonnerait toutes les dépendances de la monarchie espagnole, sauf Naples et la Sicile. Les clauses commerciales du traité de Ryswyck et le tarif de 1644 seraient rétablis, » incalculables avantages accordés aux Hollandais. Ceux-ci, ne trouvant pas ces conditions suffisantes, infligèrent au grand roi, légitimes et vengeresses représailles, l’obligation d’envoyer son ambassadeur négocier à Bodegrave, ville où, en 1672, tant d’atrocités avaient été commises par les troupes de Louis XIV ; et là, pour ainsi dire en présence de ces murs témoins de tant d’horreurs commises par les ordres du grand roi, la république lui signifia ses volontés : elle exigeait, pour couvrir ses frontières, les villes et forteresses de Menin, Ypres, Furne, Condsé, Tournay, Maubeuge, Lille, et de plus, la renonciation complète du roi d’Espagne aux possessions de la monarchie espagnole, refusant d’ailleurs la suspension d’armes que sollicitait Louis XIV ; et lui déclarant que son refus d’accepter ces conditions entraînerait la continuation de la guerre. Et savez-vous, fils de Joël, quel était l’homme chargé de tenir à Louis XIV, par l’intermédiaire de son ambassadeur, ce hautain et rude langage ? C’était le grand pensionnaire de Hollande, Heinsius, celui-là même qui, peu de temps après la paix