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selles doit avoir été provoquée, ou accompli par les secrets émissaires des révérends et des royalistes !

— J’en suis convaincu, comme vous, Victoria, — reprend Frantz de Gerolstein ; — je n’ai pas oublié les détails que vous m’avez donnés sur la soirée d’hier…

— La recommandation de Loyola, relative à notre légende, a dû être conservée dans les archives de la Compagnie, où le nom de notre famille et celui de tant d’autres sont sans doute inscrits à l’index, — reprend Victoria ; — il faut donc nous attendre, tôt ou tard, à quelque tentative des bons pères, certains que notre légende est toujours conservée dans notre famille…

— Quoi ! une pareille tentative en ces temps-ci… ma fille, y songes-tu ?

— En ces temps de révolution, toujours forcément accompagnés de désordres, l’on peut, mon père, croyez-moi, tenter beaucoup de choses… Vous êtes, hélas ! aveugle et infirme… ma pauvre mère valétudinaire… Jean est presque toujours hors du logis, un audacieux coup de main est bien vite accompli ; il serait donc, selon moi, urgent, dans le cas où la publication de nos légendes devrait être retardée, de les déposer, ainsi que nos reliques de famille, en un lieu sûr…

— Après tout, tes craintes sont peut-être fondées, ma fille, — répond le vieillard ; — mais, ainsi que nous disons, nous autres imprimeurs, l’on ne peut composer, d’après nos manuscrits originaux, d’ailleurs si précieux pour nous. Il faudrait donc en tirer une copie, et ce travail demanderait un certain laps de temps…

— Bon père, — dit Frantz de Gerolstein, — je partage les inquiétudes de Victoria. Voici donc ce que je vous propose : je sais une retraite introuvable, dont je vous donnerai connaissance ; nous pourrons aujourd’hui, transporter là les manuscrits ; ils y seront en toute sûreté. Un homme actif, intelligent, discret, et de qui je réponds comme de moi-même, prendra dès demain copie de notre légende.