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trez, je l’espère, que notre entretien est d’une telle nature qu’il ne doit se continuer qu’entre vous et moi seulement…

— D’où il suit que… le citoyen Jean Lebrenn me met poliment à la porte ? — reprend M. Hubert avec un sourire railleur ; — le citoyen Jean Lebrenn trouvera cependant bon… que je prenne part à une conversation qui intéresse au plus haut degré l’avenir et l’honneur de ma nièce Charlotte…

— Monsieur, — reprit impatiemment le jeune artisan, — je vous le répète… je désire être seul avec M. Desmarais…

— Je ferai remarquer au… citoyen Jean Lebrenn que mon beau-frère n’a point de secret pour moi, en ce qui touche l’honneur de notre famille… Je sais l’inconcevable demande que le… citoyen Jean Lebrenn vient d’adresser à M. Desmarais ; je sais enfin pourquoi mon beau-frère refuse à fort bon droit la main de sa fille au… citoyen Jean Lebrenn… bien qu’il ait l’honneur d’appartenir au peuple… souverain

M. Desmarais, d’abord très-contrarié de la présence imprévue du financier, se résigna ensuite d’assez bonne grâce à ce contretemps, où il espérait trouver le prétexte de précipiter la fin d’un entretien très-embarrassant pour lui ; aussi, se hâta-t-il de dire affectueusement au jeune artisan :

— Mon cher ami… je vous ai fait connaître la fatale impossibilité qui s’oppose à un mariage qui eût comblé mes vœux… Ne revenons donc jamais sur ce sujet… si pénible pour nous deux à tant de titres… mais comptez toujours sur ma vive amitié… de même que je compterai toujours sur la vôtre, mon cher Jean… et, sur ce… au revoir…

— Pardon… monsieur, avant de prendre congé de vous… j’aurais une question à vous adresser, — reprend le jeune artisan d’une voix ferme ; — cette question, monsieur votre beau-frère peut l’entendre…

— Je suis profondément reconnaissant au citoyen Jean Lebrenn