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le ménager, le flatter… Je vous répliquais : « Remerciez les services de ce drôle-là moyennant une cinquantaine de louis, et ne vous familiarisez point… sinon… sinon… tôt ou tard il vous en cuira… » Or, il vous en cuit, ce me semble ?

— Mon frère, — reprend madame Desmarais, — il est juste de dire à l’appui de la conduite de mon mari en cette occasion que jamais ce Jean Lebrenn n’eût accepté une récompense pécuniaire… il a une manière de fierté à lui.

— Allons donc ! — fit M. Hubert, haussant les épaules, — la fierté de monsieur le garçon serrurier eût été la très-humble servante d’un rouleau de cinquante louis !

— Que diable !… je vous affirme que non, moi, mon cher Hubert !

— Beau-frère, les lui avez-vous offerts, ces cinquante louis ?

— Je m’en suis certes bien gardé…

— En ce cas, d’où savez-vous qu’il les eût refusés ?…

— Encore une fois, je connais… il faut bien le dire… la délicatesse de son caractère.

— La délicatesse d’un coquin qui gagne à grand’peine un petit écu par jour ! — répond le financier avec un éclat de rire sardonique, — vous rêvez, beau-frère… et…

— Mon cher Hubert, nous perdons un temps précieux en vaines récriminations sur le passé… malheureusement, ce qui est fait… est fait… Parlons, je vous en prie, du présent et du plus pressé… Ma femme et moi, afin de couper court au honteux amour de Charlotte pour ce Jean Lebrenn, nous sommes, nous l’avons dit, décidés à emmener notre fille avec nous à Versailles… Que pensez-vous de cette résolution ?

— Elle sera complètement insuffisante.

— Pourquoi cela, mon cher Hubert ?

— Parce que Versailles est trop voisin de Paris… Il se peut que le polisson dont il s’agit soit aussi persévérant qu’amoureux, non de