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— Maman… pour la première fois, j’ai manqué de confiance envers toi, pardonne-moi ! !

Madame Desmarais, surprise, inquiète, serre sa fille contre sa poitrine, essuie ses larmes, s’efforce de la calmer, l’embrasse tendrement, puis lui dit :

— Toi… manquer de confiance à mon égard, Charlotte ; tu aurais un secret pour moi ?

— Hélas !… oui… et de cela je m’accuse… et de cela j’ai honte et remords !…

— Toi… ma Charlotte… éprouver de la honte… du remords ?… Qu’entends-je… tu as donc à te reprocher quelque faute ?

— Peut-être…

— Mon Dieu !… dans quelle angoisse tu me jettes… je ne puis croire à ce que j’entends ; toi… avoir commis une faute telle que tu en éprouves de la honte… du remords ?… Toi, que je regardais… que je veux regarder encore comme l’exemple des jeunes personnes de ton âge…

— Je ne mérite plus vos louanges.

— Que dis-tu ?

— J’ai douté de votre cœur… de votre équité… j’ai porté un mauvais jugement sur vous et sur mon père… qui depuis mon enfance m’avez comblée de tendresse.

— Je t’en supplie, achève cette confidence, si pénible qu’elle soit pour toi… Mets un terme à mon angoisse.

Charlotte se recueille pendant quelques instants, puis elle reprend d’une voix tremblante :

— Maman, tu te souviens qu’il y a environ six mois, nous sommes venus occuper le second étage de cette maison alors inachevée…

— Sans doute, puisque les ouvriers travaillaient encore au premier étage et au rez-de-chaussée.

— Mon père s’est lié intimement avec l’un de ces artisans…