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parvenir jusqu’ici ; il a dû laisser son cheval à quelque distance de la barrière et quitter sa livrée royale, afin de traverser les rues sans risquer d’être arrêté par tout ce mauvais peuple ! !…

— Sortez, — dit M. de Plouernel à l’intendant après avoir reçu de lui la dépêche, il décachette l’enveloppe et se hâte de lire la missive, tandis que Victoria le suit d’un œil curieux et avide, disant de sa voix la plus insinuante, la plus tendre, en s’approchant du comte :

— Quelque importante nouvelle, sans doute, mon cher Gaston ?

— Lisez… marquise, car je n’ai pas de secret pour vous, — répond M. de Plouernel remettant la dépêche à Victoria, jugez de l’extrême gravité de cette nouvelle !

La jeune femme prend vivement la dépêche, y jette les yeux, puis souriant à demi :

— Cette dépêche est chiffrée… je ne saurais la lire… Gaston.

— C’est vrai… pardon de ma distraction… — répond M. de Plouernel, et il lit ce qui suit déchiffrant à mesure :

« Les événements qui se sont accomplis aujourd’hui à Paris, et les nouvelles reçues de province sont d’une telle nature qu’il faut hâter nos mesures. Rendez-vous sur-le-champ à Versailles. L’on agira probablement demain.

» Versailles, sept heures du soir. »

— Et il est minuit passé… — dit Victoria, — vous auriez dû recevoir cette dépêche il y a au moins deux ou trois heures. D’où vient ce retard ?

— Vous oubliez, marquise… les précautions que le courrier a dû prendre pour entrer dans Paris et le traverser sans être arrêté.

— C’est juste… mais ce retard n’en est pas moins fâcheux. Il n’y a pas un moment à perdre pour vous rendre à Versailles… demandez votre carrosse à l’instant.

— Il serait trop hasardeux de tenter de sortir de Paris en voiture. Je vais m’habiller en chenille et monter à cheval suivi de l’un de mes gens, je me dirigerai par le Gros-Caillou, le Cours-la-Reine et