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gente, et il va sans dire que le conseil de régence serait composé de royalistes inflexibles.

victoria, à part. — Maintenant que je connais la conspiration de la cour, c’en est bientôt fait de la royauté, si elle a l’audace de sa trahison… car demain… il faut que la Bastille soit prise… et elle le sera… (Haut… la figure rayonnante et se levant en tenant un verre à la main). — Allons, messieurs… à l’extermination de la révolution !… au rétablissement de la royauté absolue et de l’Église de Rome ! Vive la reine ! cette digne fille de Marie-Thérèse !

tous les convives. — Mort à la révolution ! Vive la reine !… Vive la reine !…

tous, moins l’abbé. — À Versailles !… à Versailles !…

le comte de plouernel, remarquant la froideur sardonique du jésuite. — Et maintenant, l’abbé, avez-vous meilleure créance aux projets de la cour ?

l’abbé morlet. — Moins que jamais j’ai confiance en votre parti ; il marchera de fanfaronnades en reculades jusqu’à sa suprême culbute, qui sera celle de la monarchie… mais béni soit Dieu… nous serons là, nous autres !

(Explosion de cris indignés poussés par les convives.)

le vicomte de mirabeau. — Corbleu ! l’abbé, si vous n’étiez un homme de robe… vous payeriez cher ces mots… fanfaronnades et reculades !

le cardinal, haussant les épaules. — Laissez déraisonner ce mauvais prestolet.

un laquai, entrant et à haute voix. — Mademoiselle Guimard attend Son Éminence dans son carrosse…

le cardinal, se levant. — Diable… diable ! J’avais de fait oublié la Guimard au milieu de mes préoccupations politiques… Elle va être comme une tigresse ! !