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entre autres le vil histrion Collot-d’Herbois, prêcher l’insurrection comme un énergumène !

le cardinal. — Sacrilége ! ! profanation ! !

l’intendant. — Tout va de mal en pis… Champagne, un de nos gens, a vu afficher des placards que la canaille lisait à la lueur des torches ; sur l’un de ces placards il y avait écrit : « À vendre, par suite de décès, la charge de grand maître des cérémonies. S’adresser à la veuve Brezé… »

le vicomte. — Les assassins ! c’est demander la mort du malheureux marquis de Brezé ! 


le marquis, riant. — Ah ! pauvre Braisé… te voilà cuit. Hi, hi, hi.

l’intendant. — Sur d’autres placards il y a, écrits en grosses lettres : « Noms des traitres à la nation : Louis Capet, — Marie-Antoinette, — d’Artois. — Provence, — Conti, — Bourbon, — Polignac, — Broglie, — Breteuil, — Foulon… et autres noms !

le vicomte de mirabeau. — C’est horrible, c’est désigner ces noms à la fureur de la populace ! !

l’intendant. — Le bruit court dans Paris que demain le mauvais peuple doit se soulever en armes et marcher sur Versailles.

le vicomte de mirabeau. — Tant mieux, morbleu ! tant mieux ! l’on écharpera cette canaille, si, heureusement pour nous, elle est assez stupide pour tenter ce projet…

le comte de plouernel, à Robert. — Est-ce tout ?

l’intendant. — Hélas ! non, monseigneur… Ce mauvais peuple en armes entoure et menace l’Hôtel de Ville ; l’ancien échevinage est dissous, il est remplacé par une commission révolutionnaire, qui a pris en main le pouvoir et se tient en permanence…

le comte de plouernel. — Sait-on les noms des membres de cette commission révolutionnaire ?

l’intendant. — Oui, monseigneur, l’on a jeté par les fenêtres de l’Hôtel de Ville, au peuple ameuté, des listes de ces noms… En voici une ramassée par notre émissaire

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