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Voyants, aussi masqués, dont il était assisté pour la réception de Victoria Lebrenn :

Babœuf, sors avec Buonarotti, Danton et Condorcet par l’issue de droite… je sortirai par l’issue de gauche avec Frantz, Loustalot, Marat et notre néophyte.


Pendant qu’Anacharsis Clootz, riche banquier allemand, surnommé plus tard « l’orateur du genre humain, » affiliait Victoria Lebrenn à la secte des Voyants, Samuel, demeuré seul avec sa femme après le départ de Frantz de Gerolstein et de sa compagne, s’était préparé à achever de dicter à Bethsabée la note explicative destinée à son cousin Lévy, et relative à l’héritage Rennepont, lorsque soudain le Juif avait entendu heurter à la porte de la rue d’une façon particulière par le veilleur placé au dehors de la maison, afin de donner au besoin le signal d’alarme. Samuel, se hâtant de se rendre à cet appel, vit le veilleur tenant par la main un enfant pleurant à chaudes larmes.

— Ce pauvre petit s’est sans doute égaré, — dit le veilleur d’un ton apitoyé en présentant l’enfant à Samuel, — il était assis là… dans le renfoncement de la porte… et sanglotait… Vous devriez le garder chez vous cette nuit ; et demain au jour, on le reconduirait dans sa famille… si l’on peut savoir de lui où il demeure.

Samuel, touché de la douleur du garçonnet, l’emmena dans la salle basse et s’efforça, ainsi que Bethsabée, de le consoler. Il semblait avoir de neuf à dix ans, était proprement vêtu et d’une apparence chétive et malingre ; son aspect n’offrait rien des grâces riantes ou de l’attrait habituel à son âge ; ses traits anguleux, sa pâleur terreuse, maladive, ses lèvres minces et blafardes, son regard, tantôt sournois et fuyant, tantôt observateur, pénétrant, où se révélaient une intelligence précoce, enfin quelque chose de bas, de rampant, de tortueux dans l’allure de cet enfant, auraient sans doute inspiré