Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 13.djvu/102

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Oui… pour la honte et le malheur de cette famille !

— Avez-vous lu la légende que vos pères se sont transmise d’âge en âge… depuis dix-huit siècles et plus ?…

— D’où savez-vous ?…

— Je connais l’existence de cette légende… Parmi ceux qui l’ont écrite au seizième siècle, je vous citerai votre aïeul Christian l’Imprimeur… et son fils Odelin l’Armurier de La Rochelle… l’un des plus braves soldats de l’amiral Coligny.

— Encore une fois, Frantz, comment êtes-vous instruit de ces faits ?

— Tout à l’heure, je vous l’apprendrai… mais, auparavant, un mot encore.

— Je vous écoute.

— Veuillez me répondre… Avez-vous lu la légende de votre famille ?

— Je l’ai lue durant les deux années que j’ai passées près de ma mère et de mon frère… à la suite des événements que je vous ai racontés… La lecture de nos annales, jointe à tous les ferments de haine déjà amassés dans mon âme et à la disparition de mon père, mort à cette heure ou languissant au fond de quelque cachot de la Bastille, a développé, surexcité en moi ce besoin de vengeance, ou plutôt de terribles et légitimes représailles dont je suis possédée… Cette vengeance, je veux l’assouvir à tout prix, au prix de ma vie s’il le faut… Aussi ai-je accepté avec ferveur, avec reconnaissance, l’espoir de cette mystérieuse initiation… dont l’heure est enfin venue…

— Oui, l’heure est venue… Victoria, c’est pour cela que le moment est venu pour moi de vous révéler ce que nous sommes l’un à l’autre.

— Achevez…

— En lisant vos annales plébéiennes… celles du seizième siècle entre autres… vous y avez rencontré avec étonnement, sans doute, un nom princier… celui de Karl de Gerolstein ?