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méchant prêtre italien, amant et complice de cette femme ! Les principaux chefs de la Fronde sont : le prince de Conti, le prince de Marsillac, le coadjuteur de Retz, le duc de Longueville et sa femme, qui, non moins belle et non moins débordée que la duchesse de Montpensier, prit, ainsi que celle-ci, une part très-active à la Fronde et à ses intrigues de toutes sortes. Le prince de Condé suivit d’abord le parti de la cour, puis s’en sépara et se joignit à la Fronde. Cette guerre dura cinq ans, avec des alternatives de succès et de défaites pour les Frondeurs, les Mazarins et les Mitigés, troisième parti, composé des gens les moins exaltés des deux autres factions. La réforme d’abus écrasants, entreprise par le Parlement à défaut des États généraux, annihilés depuis plus d’un demi-siècle par le jaloux ombrage du pouvoir royal, avait été le motif de la Fronde ; mais bientôt elle dévoya complètement de son but réparateur. Le bien public fut oublié pour les intérêts personnels des chefs de partis : la noblesse cherchait à recouvrer son indépendance, abattue par Richelieu ; les femmes, qui jouèrent un rôle si important dans la Fronde, ne virent dans les discordes civiles que l’occasion de donner plus de sel, plus de nouveauté à leurs adultères, en les compliquant des hasards de la guerre ou des menées politiques, et luttèrent d’impudique effronterie pour enchaîner les hommes à leur faction. La reine et le Mazarin poursuivirent, au milieu de ce chaos, leur opiniâtre visée de gouvernement absolu ; tantôt (en 1649) s’alliant à la noblesse pour combattre le Parlement, tantôt (en 1650) faisant de larges concessions au Parlement et s’unissant à lui pour proscrire la noblesse. Mais en 1651, la noblesse et la reine s’unissent contre les parlementaires, déjà divisés ; ils succombent sous cette ligue. La masse du peuple et de la bourgeoisie, ne voyant aucune réforme s’accomplir, restait indifférente à ces luttes égoïstes. La misère débordait. Le fléau de la guerre étrangère se joignait à la guerre civile. Le prince de Condé, après avoir tour à tour trahi et servi la Fronde et la cour, vendait son épée à l’Espagne et combattait la France. L’anarchie atteignait à son