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Roussillon tombe au pouvoir des Français, en 1642 ; mais les Espagnols restent vainqueurs dans les Pays-Bas. La reine Marie de Médicis meurt, le 5 juillet 1642, à Cologne, et Richelieu meurt, à Paris, le 4 décembre de la même année, après avoir réjoui son agonie par le supplice de Cinq-Mars, grand-écuyer, et de M. de Thou, accusés de complot contre l’État. À la mort du cardinal, qui, disait-il lui-même, couvrait tout de sa grande robe rouge, disposait en maître du trésor de l’État, tenait les clefs des prisons et dressait les échafauds, l’allégresse générale fut aussi grande que la terreur avait été profonde. L’indignation publique fut à son comble lorsqu’on apprit que Richelieu laissait plus de deux cents millions d’héritage, dont une grande partie revenait à sa nièce, la duchesse d’Aiguillon, avec qui ce prêtre entretenait un commerce adultère et incestueux. Le 14 mai 1643, Louis XIII meurt, à l’âge de quarante-deux ans. Ce roi fainéant, dont Richelieu fut le maire du palais, laisse deux fils d’Anne d’Autriche : Louis XIV, né le 5 septembre 1638, et Philippe, duc d’Orléans, né le 21 septembre 1640.


Louis XIV, ayant succédé à la couronne, le 14 mai 1643, à l’âge de quatre ans, est respectueusement porté au Parlement, dans les bras de son gouverneur, et ce marmot, selon l’antique usage des monarchies et au mépris du sens commun, de la dignité des peuples, tient ce qu’on appelle : son lit de justice, après quoi la régence est dévolue à Anne d’Autriche, non moins dissolue que sa belle-mère, Marie de Médicis. Un prélat italien, souvent employé par Richelieu à des négociations délicates, et nommé Mazarin, était alors l’amant d’Anne d’Autriche. Souple, habile, rusé, sans foi ni loi, débauché jusqu’à la crapule, orgueilleux, insolent, plus avide, plus cupide encore, s’il est possible, que le cardinal son maître, mais sans vues, sans portée, sans grandeur, et suppléant ou croyant suppléer à tout par l’astuce et par l’intrigue, ce Mazarin, faux, perfide, insinuant,