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est reçu avec enthousiasme par les ligueurs, aux cris de : Vive Guise ! à bas le Valois ! Henri III, haineux, lâche et féroce, pâlit de rage en apprenant l’arrivée du Guisard et l’accueil qu’il reçoit des Parisiens. « Le Balafré est venu ! — s’écrie le digne frère de Charles IX ; — par la mort-Dieu ! il en mourra ! » — Et, mandant aussitôt un colonel corse, Alphonse Ornano, il le charge d’assassiner le duc de Guise. MM. de Bellievre et de Cheverni, conseillers du roi, le conjurent de renoncer à ce meurtre, qui causerait à Paris un soulèvement effroyable. Henri III hésitait, lorsqu’il voit entrer Catherine de Médicis et le duc de Guise. Tant d’audace confond le roi, et s’adressant au Balafré avec hauteur : « — Je vous avais défendu, monsieur, de paraître ici ! — Sire, répondit le duc, feignant la déférence, je suis venu ici pour demander à Votre Majesté justice des calomnies de mes ennemis. — On verra bien si vous avez été calomnié, selon que votre présence causera ou non des troubles dans Paris, » — répond le roi. Le Balafré se retire, convoque les Seize et les principaux ligueurs à l’hôtel de Guise, où il se retranche comme dans une place d’armes. Henri III, de son côté, se retranche dans le Louvre ; et craignant un soulèvement populaire, il ordonne aux Suisses casernés dans les faubourgs d’entrer dans Paris ; le régiment des gardes se joint aux Suisses. Ces troupes prennent position sur les principales places de la Cité. Les Seize et les moines, exaspérés par ces préparatifs menaçants, crient aux armes, soulèvent le populaire ; on élève des barricades dans toutes les rues ; les ligueurs engagent le feu contre les troupes royales aux cris de : Vive Guise ! à bas le Valois ! Les Suisses et les soldats aux gardes sont mis en déroute et massacrés. Le maréchal de Biron, leur commandant, se rend à l’hôtel du duc de Guise et le conjure de faire cesser le massacre des troupes ; le Balafré y consent, sort de son hôtel en pourpoint blanc, une baguette à la main, et se dirige vers la place de Grève. Les acclamations des ligueurs le suivent. « — Il faut conduire M. le duc à Reims et le sacrer roi ! — s’écrient les ca-