Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 12.djvu/40

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

étaient ouverts ; à côté de lui était le duc d’Epernon, vis-à-vis de lui, le marquis de Mirabeau et le comte de Liancourt ; les maréchaux de Lavardin et de Roquelaure étaient assis à la portière de droite ; le duc de Montbazon et le marquis de La Force à la portière de gauche. — Le carrosse du roi fut arrêté à l’entrée de la rue de la Ferronnerie par un embarras de charrettes ; les pages et les valets de pied quittèrent leur poste et entrèrent dans le cimetière, pour couper au court et rejoindre plus loin le carrosse, auprès duquel il ne resta que deux valets. L’un se baissait pour rajuster les cordons de son soulier, lorsqu’un homme de grande taille et de forte corpulence, ayant la barbe rouge, les cheveux noirs, les yeux gros et enfoncés dans la tête, et nommé François Ravaillac (depuis le Louvre il suivait le carrosse du roi, le manteau pendant sur l’épaule gauche, le couteau en main et son chapeau dessus pour le cacher), mit un pied sur une borne, l’autre sur les rayons de la rue, et profitant du moment où M. le duc d’Épernon lisait une lettre, attentivement écoutée par le roi, le meurtrier le frappa d’un grand coup de couteau. — Je suis blessé ! — s’écria le roi en levant le bras gauche pour se défendre. Mais l’assassin redoubla d’un second coup, qui traversa le cœur et tua roide Henri IV. Ceci s’était passé si rapidement, qu’aucun des seigneurs présents dans le carrosse ne purent secourir le roi.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

» Neuf jours après la mort du roi, le mardi 25 mai, il y eut prise entre M. de Léoménie et le père Cotton, en plein conseil, auquel père Cotton Léoménie dit que c’était lui voirement et sa société de jésuites qui avaient tué le roi… Le même jour, sur les plaintes portées à la cour par l’archevêque d’Aix sur ce que Ravaillac, interrogé sur le régicide par lui commis, avait répondu conformément aux maximes des jésuites Mariana, Becanus et autres, qui ont écrit qu’il est permis de tuer les tyrans, ladite cour a donné un arrêt qui ordonne qu’à la diligence du doyen de la Faculté de