Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 12.djvu/328

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de mon père, au sujet des légendes et des reliques de notre famille. La veille de l’insurrection, il les a déposées à Vannes entre les mains d’un ami sûr et dévoué. Il nous est attaché par les liens du sang ; c’est le seul parent qui nous reste.

Nominoë tire de sa poche une enveloppe assez épaisse, la dépose près de lui et écrit rapidement. Mademoiselle de Plouernel rentre dans le salon au bout de peu de temps, et dit en souriant à Nominoë :

— Grand tort nous avions, ami, de mettre en doute la galanterie de ce gentilhomme. « N’est-il pas vrai, monsieur, — lui ai-je demandé, — n’est-il pas vrai que vous ne songez pas à violemment envahir de nuit, à la tête de vos soldats, la demeure d’une jeune personne, seule en son logis avec sa nourrice et un écuyer à cheveux blancs ? Vous recherchez, dites-vous, un criminel ? Pouvez-vous supposer, de grâce, que mademoiselle de Plouernel héberge de pareilles gens ? Elle n’est point, croyez-moi, de si mauvaise compagnie. Vous exécutez les ordres de vos chefs ? Soit ; mais par une bienséance qui vous est, je n’en veux douter, naturelle, apportez du moins quelque ménagement dans l’exécution de ces ordres ; demain il fera jour ; la porte du manoir vous sera ouverte, vous rechercherez votre criminel ; d’ici là placez des factionnaires à cette porte, surveillez, cernez les murailles si vous craignez de ce côté quelque escalade ; mais montrez-vous, monsieur, ce que vous êtes assurément : un parfait gentilhomme, et respectez l’intérieur de mon logis ; demain, je m’estimerai fort heureuse de vous témoigner combien j’ai ressenti votre aimable courtoisie ; je m’empresserai, monsieur, de vous faire de mon mieux les honneurs de ma pauvre maison pendant que vos gens rechercheront ce furieux criminel que vous dites.. » — Notre homme, — ajoute Berthe avec finesse, — se confond en excuses, remet à demain la visite du manoir, me demande pardon de la liberté qu’il prend de mettre des factionnaires à la porte et autour des murs du clos, afin de rendre toute évasion impossible, non qu’il ose douter de mes paroles au su-