Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 12.djvu/306

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

m’avez aimé… votre cœur est bon… mon oncle ! mon oncle ! ne me tuez pas… vous regretteriez la mort du fils de votre sœur !…

Les paroles touchantes de Nominoë, la chaleur cordiale de ses embrassements, le souvenir de sa sœur, des dernières prières de Tina, l’affection paternelle qu’il avait toujours portée à son neveu, désarment Tankerù ; son marteau tombe à ses pieds. À ce moment, Serdan et Salaün Lebrenn, délivrés par les vassaux, entrent précipitamment dans le cachot.

— Fuyez ! fuyez ! — s’écrie Serdan, — le feu gagne la fauconnerie…

Salaün, ayant entendu les paroles de son fils répondant aux menaces de mort de Tankerù, dit à celui-ci en serrant ses mains dans les siennes : — Frère, j’en jure Dieu ! Nominoë, malgré la grandeur de sa faute, mérite, sinon ton pardon, ta pitié !…

— Le feu ! le feu ! — crièrent soudain les paysans descendus dans les prisons afin de délivrer les captifs et qui, regagnant l’escalier, traversaient en courant le couloir des cachots, déjà rempli d’une épaisse fumée. En présence du danger croissant, le forgeron, Serdan, Salaün et son fils s’élancent à travers les noirs tourbillons et se guident sur les rouges reflets que, du dehors, l’incendie projette sur les marches de l’escalier de la prison à travers sa porte cintrée, pareille en ce moment à la gueule d’un four embrasé. Nominoë se hâte de suivre les pas de son père et de Tankerù, qui le précèdent, mais ne peut, malgré l’imminence du péril, s’empêcher de murmurer d’une voix déchirante en songeant à Berthe :

— Malheur ! malheur ! le feu dévore le château !… Qu’est-elle devenue ?…

— Elle est en sûreté ! — dit tout bas Serdan, qui, marchant à côté de Nominoë, l’entendit et devina sa pensée secrète. — Les paysans, en venant tout à l’heure nous délivrer, nous ont appris que, maîtres du château, leurs compagnons ont veillé sur leur bonne demoiselle. Une voiture a été attelée, mademoiselle de Plouernel est