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Fontaine-Française, le 30 mai de la même année, il remporte une première victoire sur les Espagnols, commandés par le connétable de Castille. Bientôt la Bourgogne se détache de la Ligue, et l’année suivante, les ducs de Mayenne et de Joyeuse, ainsi que presque tous les anciens chefs de l’Union, concluent un traité de paix avec Henri IV, traité payé au poids de l’or, comme tous ceux de même nature ; d’où il suit que ces forcenés catholiques, se souciant de la catholicité aussi peu que le Béarnais s’en souciait lui-même, ne songeaient qu’à grossir leur escarcelle. Enfin, la Ligue est presque complètement dissoute ; seul, le duc de Mercœur continuait la lutte dans une partie de l’Armorique, afin de se faire chèrement acheter la paix. Henri IV, en 1598, se rend en Bretagne, afin d’achever la pacification de cette province, marie César de Vendôme (l’un de ses nombreux bâtards) à la fille du duc de Mercœur, cimente ainsi la soumission de ce seigneur ; les dernières agitations de la Ligue sont apaisées. Le Béarnais se rend à Nantes et y signe, le 30 avril 1598, le fameux édit de Nantes. Cet édit accordait enfin la liberté de conscience aux huguenots. Ils n’avaient d’ailleurs été nullement troublés dans l’exercice de leur culte depuis l’avènement de Henri IV au trône ; mais ils demandaient instamment que leurs droits fussent solennellement reconnus et garantis par un acte public. Voici le texte de ce traité ; sa sagesse, sa tolérance, honorent le Béarnais et ses deux conseillers habituels, Sully et Duplessis-Mornay, tous deux huguenots, grands hommes de bien et grands citoyens.

« Nous, Henri, roi de France et de Navarre, etc., etc.

» Maintenant qu’il plaît à Dieu commencer de nous faire jouir de quelque repos, nous avons estimé ne pouvoir le mieux employer qu’à pourvoir à ce que son saint nom puisse être adoré et prié par tous nos sujets, et s’il ne lui a plu encore permettre que ce soit en la même forme de religion, que ce soit au moins d’une même intention et avec telle règle, qu’il n’y ait point pour cela de trouble ou de tumulte entre eux ; nous nous sommes donc, pour cela, décidé