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pondit M. de Châteauvieux. Puis, s’adressant à la marquise et au comte : — Combien je suis touché de vos paroles ! Je peux maintenant tout espérer… à moins… et j’en tremble… que la santé de mademoiselle de Plouernel ne mette obstacle à nos fiançailles. Depuis deux jours, elle n’a pas quitté son appartement, ce dont j’ai été désolé, car je n’ai pu lui présenter mes respectueux hommages à son retour de Mezléan.

— Rassurez-vous, mon cher marquis, l’indisposition de ma nièce est seulement causée par les fatigues du voyage et ne l’empêchera nullement de se rendre à la chapelle pour ses fiançailles, si, comme je n’en doute pas non plus que mon neveu. elle consent à hâter la conclusion de ce mariage. Je vais de ce pas chez Berthe, la prévenir que son frère et moi désirons avoir à l’instant avec elle un entretien qui, j’en suis assurée, mon cher marquis, justifiera pleinement vos espérances et les nôtres.

Et, ce disant, madame du Tremblay se rendit aussitôt chez mademoiselle de Plouernel. Elle occupait l’appartement autrefois habité par sa mère et avoisinant la bibliothèque du château. En traversant cette vaste pièce, la marquise rencontra dame Marion, nourrice de Berthe, qu’elle n’avait jamais quittée depuis son enfance et à qui elle était aussi dévouée qu’affectionnée : la fidélité de ce dévouement déplaisant fort à madame du Tremblay, elle traitait toujours Marion avec une hautaine aigreur. Aussi lui dit-elle impérieusement :

— Allez prévenir votre maîtresse que je désire lui parler à l’instant ; il faut, si elle est encore au lit, qu’elle se lève et s’habille sur l’heure, afin de nous recevoir, moi, M. son frère et M. l’abbé.

— Oh ! mademoiselle est depuis plus de deux heures levée et habillée, madame.

— En ce cas, allez prier M. le comte et M. l’abbé de venir me rejoindre chez ma nièce.

— Madame la marquise ne trouvera pas mademoiselle chez elle…

— Où est-elle donc ?