expresse au mariage de Raoul avec mademoiselle de Châteauvieux, à savoir : que Berthe épousera le marquis, lequel est fort épris d’elle, malgré ses bizarreries. Voilà comment et pourquoi Raoul et moi sommes, à bien dire, dans la dépendance de ma nièce ; nous tolérons ses folies, dont nous sommes foncièrement révoltés, parce que nous craignons que par l’un de ces étranges coups de tête à elle particuliers, ma nièce, rompant tout projet de mariage, ne ruine à jamais nos plus chères espérances, de même qu’une fois déjà elle les a vilainement, méchamment ruinées, lors de son refus de se rendre à Londres, alors qu’elle pouvait tant pour la satisfaction personnelle de son frère et pour le service de notre grand roi.
— Eh bien, marquise ! savez-vous ce qui ressort pour moi de cet entretien-ci, où, selon mon désir, nous venons de résumer la situation ?
— Je vous écoute, l’abbé.
— Il en sera du mariage de Berthe avec M. de Châteauvieux comme il en a été du voyage d’Angleterre !
— Vous n’y songez pas ! ma nièce accueille à merveille les soins du marquis.
— Afin de gagner du temps ; car, je vous le demande, a-t-elle positivement déclaré au marquis qu’elle consentait à ce mariage ?
— Elle ne s’est point, il est vrai, engagée positivement… mais elle a donné à M. de Châteauvieux des espérances presque certaines, l’assurant qu’elle sentait les convenances et opportunités de ce double mariage, dont elle devait, en ce qui la regardait, se tenir pour fort honorée ; seulement elle désirait, disait-elle, réfléchir mûrement avant de prendre une résolution définitive, au moins quant à l’époque de cette union.
— Hé ! sans doute, marquise, toujours elle louvoie, toujours elle atermoie, à seule fin de gagner du temps !
— Gagner du temps… gagner du temps !… mais dans quel but ? peut-elle espérer de rencontrer un meilleur parti que le marquis ?