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dans le pays depuis que deux compagnies de soldats étaient établies à Vannes, à Mezléan et dans les environs (logés chez les habitants), afin de prêter main-forte aux gens du fisc pour la levée des impôts et exercer ce qu’on appelle en ce temps-ci la contrainte militaire, envers ceux que la misère, bien plus encore que le mauvais vouloir met dans l’impossibilité de payer les taxes. Tina, au souvenir de la blessure reçue par son père, quelque temps auparavant, dans une rixe avec les gens de guerre, pâlit et, se serrant plus étroitement encore contre Nominoë, supplia le forgeron de ne pas s’aventurer. Paskou-le-Long et Madok-le-Meunier, en leur qualité de Baz-valan et de Brotaër, représentants officiels de la noce, s’étaient joints à Salaün Lebrenn ; tous trois s’avancèrent vers le groupe armé, afin de s’informer de l’objet de sa poursuite.


Les soldats du roi, au nombre d’une quinzaine et commandés par un sergent, appartenant au régiment de la Couronne, portaient l’uniforme rouge, ainsi que les régiments de la Reine et du Dauphin. Le régiment du Roi portait seul l’habit bleu, les régiments des maréchaux et des grands seigneurs l’habit gris. Le sergent commandant le détachement qui poursuivait le cortége nuptial avait un nom de guerre, ainsi qu’en ont de nos jours grand nombre de bas officiers : il s’appelait La Montagne ; homme robuste, de haute stature, dans la force de l’âge, il se carrait dans son justaucorps écarlate, bordé de galons mi-partie argent et bleu ; ses chausses, ses bas, les parements et les retroussis de son habit étaient de couleur bleue, ainsi que son nœud d’épaule ; son épée pendait à sa bandoulière blanche comme la cocarde de son chapeau plat à trois pointes, empanaché de plumes bleues et rouges, galonné d’argent et posé triomphalement de côté sur une coiffure à la cadenette, conforme au nouveau règlement militaire ; cheveux frisés sur les tempes et réunis derrière la nuque en une queue épaisse serrée d’un nœud de cuir. Le visage