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mensongères les apparences républicaines dont le parti de Rome et de l’Espagne masquait ses projets parricides. Un livre publié peu de temps après la mort du dernier Valois (le Traité de la juste autorité des républiques chrétiennes sur les rois impies) dit expressément ceci : « — Les protestants ont raison d’affirmer qu’il est permis de tuer les tyrans ; ils n’ont tort que dans l’application. L’exemple de la juste application est dans l’action, tout à fait divine, de Jacques Clément. — Chacun a le droit de tuer un roi hérétique, comme on a le droit de tuer tout autre hérétique. — Le calviniste a cela de contraire au bien, que les plébéiens y sont sur le pied d’égalité avec les nobles ; les ministres méprisent la noblesse et veulent réduire la France en une république populaire comme la Suisse. »

Les huguenots n’attendaient pas cette déclaration du véritable caractère de la Ligue pour s’unir contre le parti de l’étranger avec les catholiques royalistes restés fidèles à la patrie et qui, après la mort de Henri III, reconnurent Henri de Béarn comme légitime héritier du trône, sous le nom de Henri IV. Ce Béarnais, vaillant soldat, grand capitaine, esprit droit, politique habile, point hypocrite, ayant du moins la cynique sincérité de ses vices, bonhomme au fond, à moins qu’il ne s’agit de braconniers ou de certains rivaux en amour, auxquels cas il devenait inexorable, ce Béarnais, joueur comme un lansquenet, outrageusement luxurieux, était du reste le plus rusé, le plus madré des Gascons. Il ne vit jamais dans les religions qu’il abjura ou renia que des expédients politiques, ne se souciant pas plus au fond de la messe que du prêche ; mais, il faut le dire à sa louange, ferme partisan de la liberté de conscience. Il promulgua la déclaration suivante le 4 août 1589.

« Nous, Henri, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre, promettons et jurons foi et parole de roi de maintenir et conserver en notre royaume la religion catholique, etc.

» Que cependant, il ne sera fait aucun exercice d’autre religion que la catholique, sinon ès villes et lieux où il se fait à présent…