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de France ; j’ai fait mourir le roi de Paris. — La reine-mère d’abord garda le silence de la surprise, et dit ensuite : — Vous avez fait mourir M. de Guise !… C’est bien coupé… mais, mon fils, saurez-vous recoudre[1] ? »

Vous le voyez, fils de Joel, prompt ou tardif, le châtiment vengeur atteint toujours le crime ! François de Guise, le boucher de Vassy, le catholique géniteur du pacte infernal des triumvirs, ce germe sanglant de la Saint-Barthélemy, François de Guise, le grand assassin des huguenots, est à son tour assassiné par Poltrot, devant Orléans, et laisse un fils digne de lui, Henri de Guise le Balafré. Celui-ci est chargé d’organiser le guet-apens nocturne et le massacre de la Saint-Barthélemy. Il court à l’hôtel de l’amiral de Coligny, que, la veille, il avait déjà tenté de faire tuer d’un coup d’arquebuse ; le corps de l’héroïque vieillard, percé de coups, est jeté sur le pavé par l’écuyer de Henri de Guise, et ce jeune homme crosse du pied le visage auguste de ce cadavre… Seize ans après, le Balafré est à son tour assassiné dans un guet-apens, et à son tour Henri III crosse du pied le visage de son ennemi expirant !… Enfin, peu de jours après ce royal meurtre, qu’un autre meurtre vengera bientôt, Catherine de Médicis termine sa vie souillée de crimes (5 janvier 1589). De ces crimes, quel était le mobile ? — Capter le parti catholique ; — exterminer les huguenots ; — affermir le trône des Valois, profondément ébranlé par la réforme… — La vieille reine meurt, et en mourant, elle voit le parti huguenot, plus vivace que jamais, lutter, combattre avec un redoublement d’énergie… la vieille reine meurt, et en mourant, elle entend demander à grands cris, par les catholiques, la déchéance ou la mort de son fils, le dernier des Valois… En effet, à la nouvelle du meurtre du duc de Guise, la Ligue demande avec fureur la déchéance ou la mort de Henri III ; et contre lui, Paris s’insurge de nouveau. Les prêtres refusent l’absolution à ceux qui reconnaissent

  1. Registre-Journal de Henri III, roi de France et de Pologne, p. 269.