paroles, et que M. de Tilly entretenait confidemment M. Serdan, qui, après l’avoir écouté avec une angoisse croissante, reprit :
— Mais ce serait monstrueux… Non, non, c’est impossible !
— D’après ce que je viens d’apprendre, il n’est presque plus permis de douter de cette exécrable iniquité, — reprit M. de Tilly ; — du reste, avant une heure, je saurai tout…
— Mais Jean de Witt ?…
— Confiant dans l’innocence de son frère et dans l’équité du tribunal, peut-il seulement soupçonner une pareille barbarie ? Je me rendrai chez lui, tout à l’heure, après avoir donné ordre à la cavalerie de La Haye, que je commande, et sur qui je peux compter, de se tenir prête à monter à cheval, car je prévois un grand tumulte.
— Je vous rejoindrai tout à l’heure chez Jean de Witt, à qui je dois présenter deux de mes compatriotes originaires de Bretagne, et jusqu’à ce que vous veniez la démentir ou la confirmer, je tairai à Jean de Witt l’horrible nouvelle dont je veux douter encore, — répondit M. Serdan. Puis, s’inclinant profondément devant Berthe de Plouernel : — Si je ne dois jamais avoir l’honneur de vous revoir ! mademoiselle, je conserverai le plus touchant souvenir de l’élévation de vos sentiments ; mais si je dois vous rencontrer encore, mademoiselle, je me permettrai de vous rappeler ces nobles paroles prononcées par vous tout à l’heure : « — Tendre compassion des opprimés ; haine vigoureuse des oppresseurs. » — Et s’adressant à l’abbé, M. Serdan ajouta d’un ton significatif : — Vous pouvez, monsieur, compter sur le secret au sujet de votre correspondance ; ce secret m’est imposé par mon profond respect pour mademoiselle de Plouernel ; seulement, je profiterai, s’il vous plaît, des précieux renseignements diplomatiques que j’ai le bonheur de vous devoir. — Puis, se disposant à sortir, M. Serdan dit à M. de Tilly : — Je vous attends chez Jean de Witt.
— Avant peu, je vous aurai rejoint chez lui, — répondit M. de Tilly à M. Serdan. Celui-ci sortit, et aussitôt madame du Trem-