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point du jour ; je vous remettrai une lettre pour mon fils… Et que la chose réussisse ou non, nous récompenserons votre zèle pour le triomphe de la foi catholique et le service du roi.

— Votre Majesté me permet-elle de lui rappeler, à ce sujet, que Maurevert vient de recevoir le collier de l’ordre de Saint-Michel, parce qu’il a réussi à tuer par surprise M. de Mouy, redoutable capitaine huguenot, en s’introduisant dans le camp des réformés sous prétexte de renoncement à la foi catholique ?

— Monsieur de La Rivière, vous serez aussi satisfait de nous que nous le sommes de vous…

Le capitaine des gardes du duc d’Anjou salue profondément la reine et se retire au moment où entre M. de Gondi en costume de voyage. Cet Italien partage avec Birago, son compatriote, la confiance absolue de Catherine de Médicis. Elle fait vivement deux pas à l’encontre de Gondi, lui disant avec une impatiente curiosité : — Quelles nouvelles de Bayonne ?

— Madame, je ne reviens pas seul.

— Qui donc ramènes-tu ?

— Le révérend père Lefèvre, ancien général des Jésuites en France.

La reine regarde Gondi avec stupeur, puis reprend : — Que signifie cela ?

— Madame, le père Lefèvre, que j’ai trouvé à Bayonne, est chargé d’une très-importante mission auprès de vous de la part du pape et du roi d’Espagne.

— Mais de ta mission, à toi, quel est le résultat ?

— Aux premiers mots que j’en ai touché à M. le duc d’Albe, il m’a répondu, m’arrêtant net : « — Monsieur de Gondi, le révérend père Lefèvre allait se rendre auprès de la reine afin de l’entretenir de l’objet qui vous amène ici… il a reçu les instructions du roi mon maître et de notre saint-père… Ces instructions, il les fera connaître à la reine. » — Il m’a été impossible de rien tirer de