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— Scélérat ! — pensait l’Italienne, — jamais tu n’as ourdi trahison plus noire !… Ah ! s’il ne me fallait pas ménager ton exécrable famille, toute-puissante sur le parti catholique !…

L’un des pages de la reine, qu’elle autorisait, en de certaines circonstances urgentes, à entrer chez elle sans y être appelé, parut à la porte, s’inclina respectueusement et dit :

— Madame, M. le comte de La Rivière, capitaine des gardes de monseigneur le duc d’Anjou, et venant du camp, demande à être introduit auprès de Votre Majesté.

— Amène-le, — répondit Catherine de Médicis. Puis, au moment où le page s’éloignait : — Si M. de Gondi arrivait ce soir, ou même cette nuit, l’on m’avertira sur-le-champ.

Le page s’inclina de nouveau et sortit. Les dernières paroles de la reine inquiétèrent et surprirent tellement le cardinal, qu’il dit vivement à l’Italienne : — Quoi, madame, M. de Gondi ?

— À son retour de Bayonne, de Gondi a dû trouver une lettre de moi à Poitiers ; je lui mande de me rejoindre au camp de mon fils au lieu de poursuivre sa route vers Paris.

La nouvelle de l’arrivée imprévue de M. de Gondi, Italien rusé, l’un des plus intimes confidents de la reine, étonnait et inquiétait profondément le Guisard ; il se remettait à peine de sa surprise, lorsque M. de La Rivière, capitaine des gardes du duc d’Anjou, fut introduit par le page. Catherine de Médicis dit au prélat avec un gracieux sourire : — Nous nous reverrons avant la fin de la soirée, monsieur le cardinal.

Charles de Lorraine comprit qu’il devait se retirer ; il salua respectueusement la reine et sortit en proie à une vive anxiété.


Le capitaine des gardes du duc d’Anjou, présentant une lettre à Catherine de Médicis, lui dit : — Madame, monseigneur m’a ordonné de remettre cette lettre à Votre Majesté.