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roi à leurs funestes conseillers, entre autres les Italiens Gondi et Birago, dont l’influence neutralisait les derniers efforts du chancelier de L’Hôpital ; la cour se trouvait alors à Meaux. Le prince de Condé et Coligny, à la tête d’une nombreuse cavalerie de volontaires accourus à leur premier appel, se dirigèrent en hâte vers Meaux ; mais la reine, avertie à temps, avait mandé six mille Suisses, et, le 25 septembre 1567, elle se mit, sous l’escorte de cette infanterie, en route pour Paris avec le jeune roi Charles IV. Condé, à la tête de quatre ou cinq cents chevaux, rejoint ces bataillons et demande à présenter à la reine une pétition des réformés ; les Suisses refusent de laisser pénétrer Condé dans leurs rangs. Il les charge audacieusement, mais sans succès ; pendant cette escarmouche, le connétable de Montmorency conduit en hâte le roi Charles IX et sa mère à Paris, et l’édit d’Amboise, déjà aboli de fait par tant de nouvelles persécutions contre les protestants, est publiquement révoqué, la religion réformée interdite, sous peine de mort, et une seconde guerre religieuse se rallume. Les Huguenots, maîtres du cours de la Marne, établissent une garnison à Montereau, s’emparent de Saint-Denis, où le prince de Condé établit son quartier général ; une dernière fois, il offre à la reine de mettre bas les armes, si le roi veut consentir à licencier les Suisses, à accorder aux réformés l’exercice de leur culte, à convoquer les États généraux et à s’en remettre à leur décision au sujet de la liberté de conscience. Ces propositions rejetées, Condé, à la tête de deux mille hommes, attend sous les murs de Paris l’armée du connétable de Montmorency, composée de seize mille hommes, l’attaque avec acharnement ; le connétable est tué dans la bataille, les huguenots, à la tombée de la nuit, se retirent en bon ordre à Saint-Denis, où ils sont rejoints par des renforts amenés par Dandelot, frère de l’amiral Coligny. La mort du connétable jeta dans l’armée royale un grand découragement. Le pape et Philippe II envoient à la reine des renforts de troupes italiennes et espagnoles ; terrible nécessité des guerres civiles, et la plus déplorable de toutes, les réformés,