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dérables sur les catholiques et imposent un édit de pacification, signé à Bergerac, le 2 octobre 1577. Ce nouveau pacte avec l’hérésie fut attaqué par la Ligue avec une violence inouïe. Le clergé redoubla ses prédications incendiaires contre Henri III et Catherine. Les mœurs infâmes de la cour où trônait la sodomie couronnée, les dilapidations du trésor public, l’insatiable avidité des mignons, aidèrent puissamment aux manœuvres de la Ligue ; les impôts devenaient exorbitants. Paris, taxé, en 1581, à une surtaxe de 200,000 écus, refusa de payer. Henri III fit saisir la caisse des rentes de l’Hôtel de ville. Le déchaînement fut à son comble. Catherine et son fils haïssaient non moins les ligueurs que les huguenots. Cependant, frappé des grands talents militaires déployés par Henri de Béarn et comptant l’opposer au duc de Guise, comme chef du parti catholique, Henri III propose au Béarnais, s’il consent d’abjurer une seconde fois sa religion, de le reconnaître solennellement comme héritier du trône (Henri III n’avait pas d’enfant, et son frère, le duc d’Alençon, se mourait). Le Béarnais, en rusé Gascon, déclina l’offre de son cousin de Valois, se disant, qu’abandonner le parti huguenot, c’était le laisser aux mains de Condé, qu’il jalousait comme un rival, et quitter ainsi le certain pour l’incertain, doutant fort d’attirer à lui le parti catholique. L’offre faite au Béarnais par Henri III, transpira ; la Ligue s’exaspéra contre ce prince qui songeait à appeler au trône un hérétique relaps ; Guise crut le moment venu de faire un pas de plus vers le pouvoir royal, et masquant ses prétentions d’un prête-nom, il fit choisir par la Ligue pour héritier présomptif de la couronne, un vieillard imbécile, le cardinal de Bourbon, oncle de Henri de Navarre ; le trône lui appartenait, en effet, à défaut de son neveu, exclu comme hérétique. Le cardinal idiot accepta facilement le rôle qu’on lui destinait, et le 31 décembre 1584, fut signé au château de Joinville, un traité secret entre le duc de Guise et son frère, le duc de Mayenne, stipulant tant en leur nom qu’en celui de l’ambassadeur de Philippe II. Selon ce traité, les parties contractantes s’engagèrent : « d’extirper