Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 11.djvu/318

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

toujours par les dominer tous et régnera triomphante sur les ruines de ses ennemis. »

Ne vous y trompez pas, fils de Joël, voilà pourquoi les jésuites, après avoir aidé la royauté à l’oppression des peuples, poussaient alors les peuples contre les rois, affirmaient la sainte nécessité du régicide, et espérant de troubler, d’égarer les esprits par de trompeuses ressemblances, proclamaient la Ligue, en d’autres termes, la république catholique, afin d’amorcer par cet appât les républicains de toute Église.

La Ligue, à peine constituée, fait violer par ses affiliés le dernier édit de pacification de 1573. L’on recommence de courir sus aux huguenots. Ils reprennent les armes, Condé s’empare de Saint-Jean-d’Angély ; le Béarnais surprend Agen. Une nouvelle guerre religieuse ensanglante la France. Henri III ignorait encore les véritables projets des ligueurs, il en fut instruit par un hasard singulier. Les papiers d’un avocat au parlement de Paris, mort à Lyon à son retour d’Italie, tombèrent entre les mains d’un protestant. Parmi ces papiers, se trouvait un mémoire daté de Rome et portant en substance ceci :

« Hugues Capet a usurpé la couronne, au détriment des derniers Karlovingiens. — L’occasion est venue de rendre le trône à ses héritiers légitimes. Le duc de Guise, descendant de Charlemagne, doit être reconnu chef suprême de la ligne contre l’hérésie. — Le pape a été requis d’approuver par forme de pragmatique sanction, entre le saint-siège et le royaume de France, l’acte de la ligue. — Tout prince du sang qui s’opposera à la volonté des États généraux (ils seront composés de ligueurs, on l’affirme), sera déclaré incapable de succéder à la couronne. Les seigneurs, gentilshommes ou autres, coupables de la même rébellion, seront atteints dans leurs biens et dans leur vie. — Les édits en faveur des hérétiques seront révoqués. — Le duc de Guise, nommé lieutenant général du royaume. — Les États requerront que le duc