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le protectorat du pape et de Philippe II, auquel il abandonnerait les provinces du Midi, objet de l’éternelle convoitise de l’Espagne et de la haine séculaire de Rome, qui voyait en elles un foyer permanent de pestilence hérétique. Le guisard et ses innombrables créatures fomentèrent, avivèrent les haines populaires soulevées à la voix des moines contre Henri III et sa mère, accusés de complicité avec les réformés, en raison du dernier édit de tolérance. La Compagnie de Jésus, façonnée à l’obéissance passive, à une discipline presque militaire, par son fondateur, Ignace de Loyola, et marchant avec un ensemble de manœuvres inébranlable, avec une unité de vues d’une effrayante habileté, exerçait en France une influence souveraine sur les ordres monastiques, inspirait à Rome le collège des cardinaux, et dominait en Espagne le conseil de Philippe II : ainsi, les jésuites imposaient leur direction à la catholicité entière. Ils favorisèrent les visées de la maison de Guise dont ils se firent un puissant auxiliaire, et voulant relier entre elles et tenir entre leurs mains toutes les forces catholiques, ils poussèrent à la fondation de la Ligue, vaste association secrète qui couvrit bientôt la France de ses réseaux. Cette ligue, créée pour l’extermination des hérétiques et, le cas échéant, pour détrôner la famille royale régnante, au profit des Guises ou de Philippe II, instruments de Rome, avait son germe dans le pacte du Triumvirat. — Jugez-en, fils de Joel : telle était la formule de l’acte constitutif de la Ligue.


« Au nom de la sainte Trinité.

» — I. L’association des princes, seigneurs et gentilshommes catholiques, doit être et sera faite pour rétablir la loi de Dieu en son entier, remettre et retenir le saint service d’icelui, selon la forme et la manière de la sainte Église catholique, apostolique et romaine. Abjurant et renonçant toutes erreurs contraires.

» — II. Pour conserver le roi Henri III, par la grâce de Dieu, et ses successeurs, rois très-chrétiens, en l’état de splendeur, auto-