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troi, pour un temps illimité, aux protestants et catholiques unis, de huit places de sûreté. — Suppression des garnisons et gouverneurs établis dans les villes de l’intérieur du royaume, depuis Henri II. — Enfin, réunion des États généraux dans le délai de six mois. »

La fraction protestante purement républicaine était en minorité ; elle dut accepter ce nouvel édit, bien qu’elle prévît qu’il serait violé, comme l’avaient été les précédents, puisqu’il n’offrait d’autre assurance qu’une parole royale, et invoqua en vain (à tort d’ailleurs), l’exemple des provinces unies de Hollande, complètement séparées de la monarchie espagnole depuis 1579, et luttant avec une persévérance héroïque pour maintenir le seul gouvernement qui puisse garantir à un peuple le souverain exercice de ses droits et de sa liberté ; mais la situation géographique des Provinces-Unies est toute spéciale, et en ce siècle-ci l’établissement de la république des Gaules fédérées n’est qu’une généreuse aspiration vers l’idéal qu’il nous faut poursuivre jusqu’à sa réalisation prochaine ou lointaine. L’octroi du nouvel édit en faveur des réformés déchaîna les fureurs du parti catholique. Le clergé fit un nouvel appel au fanatisme du peuple de Paris, lui montra dans cet édit la sainte journée de la Saint-Barthélemy désavouée avec une lâcheté impie par Henri III et par sa mère, non moins complices de ce saint massacre que Charles IX. Le chapitre de Notre-Dame refusa de chanter un Te Deum en glorification de l’apaisement de la guerre civile. Le Parlement refusa d’établir la chambre mi-partie catholique et protestante, destinée à juger les procès des réformés. Un concert de malédictions s’éleva contre Catherine de Médicis et son fils. Ils devinrent aussi odieux aux catholiques qu’aux huguenots. Le duc Henri de Guise (surnommé le Balafré), assassin de Coligny, avait hérité de l’ambition et du génie de son père, François de Guise, le boucher de Vassy, principal promoteur du pacte affreux du Triumvirat, d’où devaient un jour surgir la Saint-Barthélemy et plus tard la Ligue ; Henri de Guise, fidèle aux traditions de la maison de Lorraine, visait au trône de France, sous