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et aucune poursuite touchant au passé ne serait exercée contre eux[1]. »

Cet arrêt, quoique encore très-restrictif d’un droit sacré, fut loyalement accepté par les Huguenots ; mais il courrouça l’Église et le parti catholique. Le chancelier de L’Hôpital fut accusé d’une tolérance sacrilège envers l’hérésie ; le parlement de Paris ne consentit à l’enregistrement de cet arrêt qu’après plusieurs remontrances ; quelques parlements des provinces refusèrent de le promulguer. La veuve du duc de Guise, son frère le cardinal, leur famille et ses nombreux partisans, reprochaient à l’amiral de Coligny… calomnie infâme… d’avoir soudoyé l’assassin du boucher de Vassy, soufflaient de nouveau le feu de la guerre civile, à peine éteint, en demandant à Catherine de Médicis la mise en accusation de l’amiral, retourné paisiblement après la guerre dans sa maison des champs de Châtillon ; le pape redoublait d’anathèmes contre les protestants ; un concile réuni à Trente reconnaissait la puissance infaillible et souveraine du saint-père sur l’Église de Rome ; Philippe II offrait aux chefs catholiques son or, et au besoin l’appui de ses armes, afin de les aider à obtenir la révocation du traité d’Amboise. Au commencement de l’année 1564, arrivait en France une grande ambassade envoyée par le pape, l’empereur, le roi d’Espagne et le duc de Savoie, dans le but d’engager le jeune roi Charles IX à accepter les décrets du concile de Trente et à révoquer l’édit d’Amboise, l’absolution qu’il accordait aux criminels de lèse-majesté divine (les huguenots) portant atteinte au pouvoir spirituel du saint-père ; ces ambassadeurs adjuraient en outre Charles IX de rechercher les instigateurs du meurtre de François de Guise, désignant ainsi l’amiral de Coligny et s’associant à une abominable calomnie. Catherine de Médicis, suivant encore les sages avis de L’Hôpital, et d’ailleurs jalouse d’exercer un pouvoir si longtemps convoité par elle, et ne voulant pas le compromettre par des mesures capables

  1. Arrêts et ordonnances de 1563, reg. XV, f° 173.