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n’avait pas été nécessaire, furent bientôt rejoints dans la profondeur de l’aqueduc par l’apprenti et le franc-taupin. Celui-ci fit jouer le fourneau de mine préparé à l’avance, afin d’obstruer complètement le souterrain et de barrer ainsi le passage aux royalistes, s’ils tentaient de poursuivre les fugitifs, qui arrivèrent dans la nuit, sains et saufs, à La Rochelle, où ils trouvèrent Louis Rennepont et sa femme en proie à une anxiété mortelle sur l’issue de l’entreprise.

Voici comment la délivrance de Cornélie put être accomplie :

Lors de l’embuscade des soldats catholiques qui enlevèrent ou massacrèrent un grand nombre de Rocheloises pêchant aux sourdons, Thérèse avait entendu le marquis de Montbar dire aux hommes de sa compagnie qui s’emparaient de Cornélie : « — Ménagez ses jours ; c’est un morceau de roi… je la réserve à monseigneur le duc d’Anjou… » — Thérèse, séparée de la fiancée d’Antonicq pendant le tumulte de l’attaque, étant parvenue, ainsi que d’autres femmes de La Rochelle, à rentrer dans la ville, instruisit la famille Lebrenn de la capture de Cornélie et du sort qui la menaçait. Le capitaine Mirant, dont la valeur héroïque, au combat de Chef de Baie, venait de sauver la cité de la famine, apprit ainsi à son retour la mort de Marcienne, veuve d’Odelin, et la captivité de Cornélie. La famille Lebrenn ne s’abandonna pas à un désespoir stérile ; elle tint aussitôt conseil sur le moyen d’enlever Cornélie du quartier général, où elle devait être nécessairement conduite pour être livrée au duc d’Anjou ; enfin, après plusieurs moyens débattus, le franc-taupin ouvrit cet avis :

« — L’on savait que le duc d’Anjou occupait à la Font la maison du Réservoir, dont Joséphin connaissait les abords et les êtres. Si Cornélie était amenée au duc d’Anjou, c’est dans son logis qu’il fallait aller la chercher. L’on ne pouvait songer à tenter une attaque de vive force sur le quartier général des royalistes ; la ruse seule pouvait réussir. Le franc-taupin rappela que, lors de l’occupation du bourg de la Font par les ennemis, il avait proposé de s’introduire dans le camp par le passage souterrain de l’aqueduc,