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— Ferme ! hardi ! redoublez ! enfoncez cette porte !… Sachons ce que sont devenus fra‑Hervé et cette sorcière hérétique… Il doit se passer quelque chose de sinistre dans ce réduit…

— Voire !… c’est l’heure de l’escarbouillade pour ces agneaux de Saint-Barthélemy ! — dit le franc-taupin. Et sans se hâter, sans perdre son sang-froid, il tire de sa poche un briquet, de l’amadou, une pierre, et en frappant le silex avec le fer, il chantonne entre ses dents la vieille chanson que lui ont rappelée ses souvenirs de l’enfance d’Odelin et de fra‑Hervé…

« Un franc-taupin un arc de frêne avait
» Tout vermoulu, à corde renouée,
» Sa flèche était de papier empennée,
» Ferrée au bout d’un ergot de chapon,
» Deri deri deron, vignette sur vignon !
» Deri, deron ! »

Durant la cantilène du vieillard, qui continuait de battre le briquet, les coups assénés en dehors contre la porte redoublent de violence ; bientôt l’huis craque, se fend, se brise, et l’un de ses fragments tombe en dedans du réduit… Aussitôt Joséphin approche l’amadou allumé de la traînée de poudre et disparaît dans le souterrain, en refermant vivement sur sa tête la lourde trappe… La traînée de poudre s’enflamme, serpente, rapide comme un trait de feu, atteint la mèche du pétard… il éclate avec fracas au moment où la porte, complètement brisée, livre passage au marquis de Montbar, suivi de ses compagnons… Ils sont, ainsi que lui, renversés, mutilés, tués par les fragments de la boîte de fer, qui vole en morceaux. Le chambranle de la porte, soulevé par l’explosion, se détache entraînant une partie de la muraille et de la voûte, qui s’écroulent sur les royalistes.


Cornélie, Antonicq, maître Barbot, le capitaine Mirant et les marins déterminés qui s’étaient joints à lui, mais dont le concours