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chargé un tourneau de mine, au beau milieu du talus de brèche par lequel ces bons catholiques vont, en colonne serrée, monter à l’assaut ; quoi voyant, je mettrai amoureusement le feu à la mèche… et, triple pétarade ! ces agneaux de la Saint-Barthélemy gigoteront la berelididondaine des cinq cents diables ! la tête en bas, les pieds en l’air ! Et, voire ! la danse finira par une pluie de membres !…

— Bien ! hardi ! mon vieux taupin ! — dit maître Barbot. — Feu dessous ! feu dessus ! à l’instar de ces belles tourtières que je martèle. L’ardente lave de mon Encensoir flambera le crâne de ces royalistes, la fougasse flambera leurs chausses et vous bombardera ces coquins dans les airs, cabriolant, pirouettant, moulinant, et… — Mais s’interrompant soudain, maître Barbot, joignant la parole à l’action, s’écria : — Tous à plat ventre ! gare le boulet !

Le conseil de maître Barbot fut suivi ; tous ceux qui l’entouraient se jetèrent, comme lui, à plat-ventre au moment où une volée de boulets s’abattit en sifflant sur la brèche, les uns ricochant, renversant gabions et fascines, les autres labourant les décombres où se tenait Serpentin, assis à côté de la mèche du fourneau de mine. Le courageux enfant, malgré le danger, ne bougea de son poste ; et par un heureux hasard, cette reprise du feu des royalistes ne blessa personne. Maître Barbot, l’un des premiers debout, jeta les yeux sur les batteries ennemies, encore à demi enveloppées des nuages de fumée produite par la décharge de l’artillerie, aperçut les premiers rangs de la colonne d’assaut sortir des retranchements, et s’écria : — Aux armes, Rochelois ! aux armes !…

L’appel de maître Barbot fut couvert par un long roulement de tambour ordonné par le colonel de Plouernel ; il avait aussi remarqué le mouvement des catholiques ; sa voix mâle et vibrante, dominant le tumulte, fit entendre ces mots : — Soldats, à vos postes ! canonniers, à vos pièces !

— Adieu, ma mère ! adieu, ma sœur ! adieu, Cornélie ! — dit Antonicq. — Adieu, ma femme ! — dit Louis Rennepont. Et tous