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un dangereux avantage sur elle, pactise alors avec les princes lorrains et répond aux prières de Michel de L’Hôpital et des principaux protestants par un arrêt défendant, sous peine de mort, l’exercice de leur culte. Le connétable de Montmorency va brûler deux temples protestants dans le faubourg Saint-Jacques, et fait main basse sur ceux qui assistaient au prêche ; ce second massacre était une déclaration de guerre à outrance au parti réformé. Le chancelier de l’Hôpital fit en vain tous ses efforts pour conjurer les maux qu’il prévoyait ; l’influence des Guisards l’emporta sur la sienne, et les protestants, n’espérant plus ni justice ni miséricorde, se préparent à une guerre acharnée. Le prince de Condé, accompagné de Coligny, de son frère et d’autres chefs réformés, se rend à Orléans, appartenant en majorité à la nouvelle religion, et dépêche des courriers à toutes les églises évangéliques de France, pour les instruire du danger dont elles sont menacées, l’exercice de leur culte étant défendu sous peine de mort. À ce cri d’alarme, les huguenots se rendent maîtres des villes où ils sont le plus nombreux ; Rouen se soulève et s’érige en commune républicaine ; deux conseils, l’un suprême, composé de douze échevins, l’autre secondaire, composé de cent citoyens élus, exercent le pouvoir souverain. La Rochelle, Orléans, Poitiers, Nantes, et plusieurs autres villes, s’organisent aussi en communes ; mais dans les cités où les catholiques sont supérieurs en force, les huguenots sont massacrés, comme ils l’ont été à Vassy. C’en est fait ! l’implacable intolérance de l’Église de Rome, l’ambition des Guises l’ont voulu ; les guerres religieuses se déchaînent sur la Gaule dans toute leur fureur. Les protestants s’emparent de Tours, de Blois, du Mans, d’Angers, tandis que Dieppe, le Havre, Pont-Audemer, Caen, Bayeux, Coutances, Falaise, suivant l’exemple de Rouen, s’insurgent au nom de la réforme ; il en est ainsi de la plupart des villes de l’Angoumois, de la Saintonge, de la moitié du Languedoc, de la Guyenne, de la Gascogne, d’une partie de la Provence et du Dauphiné. Lyon court aux armes, et avec lui presque toute la Bourgogne se soulève ; mais en