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d’un pasteur à cheveux blancs, que le clairon précédait, déboucha sur la place de la Caille.

— Aux remparts, mes sœurs ! aux remparts ! — criait le pasteur avec une exaltation guerrière. — Le Dieu des armées rendra forts vos faibles bras ! Vos époux, vos pères, vos frères, vos fils combattent pour le triomphe de la Cause et de la liberté… Venez combattre près d’eux… Aux remparts ! aux remparts ! l’ennemi va donner l’assaut au bastion de l’Évangile !

— Aux remparts ! mes vaillantes ! Et ce soir, à cette pêche aussi meurtrière qu’une bataille ! — s’écria Morisson, tandis que la Bombarde et ses compagnes, se joignant aux autres Rocheloises, répétèrent en chœur ce psaume, entonné par le ministre :

Seigneur, guide ces faibles femmes !
Et de ton feu remplis leurs âmes !
Brise l’ennemi comme Oreb !
Et comma l’orgueilleux Zéeb !
Renverse et ces rois et ces princes
Qui dans leur ire et leurs fureurs,
Versent le sang, rient de nos pleurs,
En tombeaux changent nos provinces !



Comme une boule va roulant,
Comme un tourbillon violent,
Qu’à son gré l’ouragan déchaîne !
Comme un feu qui réduit en cendres
Une forêt et qui fait fendre
Des rochers la cime hautaine !



Qu’ainsi ton orage, ô mon Dieu !
Les force et les frappe en ce lieu !
Ta foudre gronde sur leur tête,
Ils vont sombrer dans la tempête !


Le bastion de l’Évangile, contre lequel l’armée royale concentrait